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Zycie jest cudowne
15 novembre 2007

Quel merveilleux voyage

Quand les panneaux affichèrent la voie sur laquelle le train allait arriver, nous nous mîmes tous en route gaiement. La grève en était à peine à son deuxième jour, pour la deuxième fois, et le gouvernement n'avait pas changé de réplique entre la première et la deuxième des scènes à la question des grêves. J'arrivais sur le quai et je vis que plusieurs dizaines de personnes se dirigeaient dans la même direction: celle du train, qui était déjà à moitié rempli par les heureuses personnes qui l'avaient attendues avant nous.

Le train contenait juste le nombre de sièges nécessaire au bon confort des passagers,  et tous mes compagnons de route étaient parfaitement sympathiques. Nous commençâmes donc à discuter, et ce fut un moment charmant: si charmant de par ailleurs, tant nous nous plûmes, que nous choisîmes de quitter le train et de continuer à discuter. Cela ennuya fort les grévistes qui voulaient travailler vite afin de nous empêcher de débattre de la vie que nous menions. Finalement, après quelques secondes de réflexions, ils annoncèrent que le train était en panne car une des pièces du moteurs avait brûlé.

Un délégué du syndicat nous demanda de prendre le prochain train, qui était seulement deux minutes plus tard, ce qui aurait réduit énormément les portées de nos discutions; après quelques délibérations, nous nous mîmes d'accord pour que nous en prenions un qui arriverait d'ici trentes minutes; je réussis par des trésors de rhétorique à le retarder d'encore dix minutes, mais je ne voulais pas plus retarder messieurs les grévistes, qui après tout ne faisaient que leur travail de revendication.

Le train que nous dûmes prendre était en fait le même en nombre, et était prévu pour le même horaire que le premier; la seule différence était qu'il fonctionnait parfaitement, si ce n'est mieux; des radios étaient même branchées afin que nous puissions écouter les informations du monde entier. Mais avant ça, nous passâmes bien du temps à discuter

Les discutions portainet bien évidemment sur les grêves ferroviaires, sujet principal de l'actualité du moment, qui nous agaçaient tous. Quelle idée! Il ne suffisait pas que les fonctionnaires de la sncf soient tout aussi bien couverts des risques que n'importe quel employé normal, il leur fallait aussi que nous travaillassions cinq ans de plus afin d'atteindre leurs quotas de soixante-cinq ans! Ce n'est aps que les raisons manquent, car ce genre de démarche veut garantir une bonne retraite à toute personne ne s'étant pas tuée à la tâche; mais nous nous plaisions bien avec nos retraites à soixantes. Enfin, je dis "nous", pour ma part l'éducation nationale ne m'avait pas encore soeuvré, mais je m'imaginais déjà passé l'âge, après des décennies de patriotiques services, à remercier la France pour tout ce qu'elle a bien voulu m'offrir, le bonheur qu'elle a pu me procurer, et à inculquer les valeurs de notre république chérie! D'ailleurs, nous nous étions entendus sur un lieu commun: pas de travail en plus; si cela venait à arriver, l'anarchie gronderait aux portes de l'Elysée. Finalement, car le train venait d'arriver et qu'aucun d'entre nous n'était de mauvaise foi, nous entrâmes dans l'hideuse machine sonore.

Comme nous étions tous devenus très proches, physiquement certes parce que le wagon était légèrement exigu, mais surtout spirituellement (en effet quarante minutes avec des gens pareils et vous les aimerez autant que d'autres en quarante ans), nous voulûmes un peu d'intimité afin de mieux nous entendre; la deuxième raison était en réalité l'affreux son qui sortait des hauts-parleurs. Nous fûmes polis, nous les suppliâmes, mais les grévistes ne voulurent point daigner éteindre la musique; en réponse à cette méchanceté gratuite digne de ces méchants personnages, nous court-circuitâmes le train; je m'en réjouis alors, et je m'en réjouis encore: en effet, la vue gène la parole, car elle modife souvent le message que nous voulons transmettre. Cette soudaine clarté auditive produisit le même effet qu'un flash au phosphore, à savoir un étourdissement immédiat, et une sensation de quitter le seul qui en fait s'écrouler certains. Les fonctionnaires, à leur tour, se mirent à fulminer et à s'arracher les cheveux, avant de s'empresser à restituer la lumière, si ombrageuse à nos débats. Quand à nous, en dix minutes nous élaborâmes un système qui eût fait rougir de honte les philosophes des Lumières voir les Antiques, pour ne rien dire des Contemporains. Par un honteux hasard, au moment où il fut le plus clair dans nos esprits les lampes crépitents puis flamboient et le choc nous le fit oublier imédiatement. Les agents SNCF ont remis le courant, et nous devons partir.

Le train se déplaça tellement vite que nous ne vîmes qu'une successions de gares défilant à une vitesse folle, avec deux secondes d'arrêt entre chaque gare. Quand nous sortîmes enfin au terminus (quoique certains d'entre nous s'échappèrent plus tôt de ce cloaque tenu par des esprits étroits sous nos acclamations), les fonctionnnaires nous insultèrent une ultime fois en refusant de nous laisser prendre les escaliers; ces conditions étant intenables, tous, communément, nous montâmes sur les rails, les traversâmes, remontâmes de l'autre côté de la voie, et, fiers, la tête haute, nous nous en allâmes, vainqueurs, confiants, mais non pas arrogants; nous conservions tous la modestioe qui est le privilège des plus grands confrontés au plus bêtes, et pardonnables à ces pauvres d'esprit leur manque de discernement de s'attaquer au peuple qui les aide et les soutiens, qui est une fraction de patrie, patrie que nous adorons plus que tout.

A comprendre:

1: mon train a été annulé pour panne venant d'une brûlure

2: j'ai rencontré des gens charmans dans le train avec lesquels nous avons discutés des grêves

3: J'ai remarqué leur incohérence: ils étaient contre Sarkozy mais n'acceptaient pas que les fonctionnaires exercent leur droit de grêve, même si moi-même je n'acceptais pas leurs raisons.

4: J'ai effectivement reçu un train de remplacement. de 30 minutes de retard, à cause d'une panne: pas assez en panne pour arriver (nous l'avons vus arriver) mais trop pour partir. D'ailleurs l'électricité fut coupée dans ce train.

5: J'ai sympathisé avec un rouquin en CAP de pâtisserie qui était très gentil, à part bien sûr le fait qu'il s'énerve facilement et qu'il soit incohérent dans ses opinions politiques, et auquel j'ai fait lire Marzi (que je conseille à tout le monde d'ailleurs)

6: Je suis totalement vanné et j'ai écrit ça dans le train parce que je sentais que ça irait pas sinon

7: ... ça m'a enlevé ma déprime.

Je l'ai classé "pièce rare" cet article parce que sortir d'une déprime ça m'arrive pas souvent (déjà que tomber en déprime ça m'arrive pas souvent... tiens d'ailleurs ça m'est arrivé le même nombre d fois, les déprimes et les sorties de déprimes, comme c'est étrange... et il y a exactement le même nombre de montées et de descente en Alsace! C'est sûr, des extra-terrestres nous observent et terraforment notre région...)

J'ai trouvé une mignonne métaphore à ce que je viens de traversé (de pas grave d'ailleurs):

C'est comme si j'avais creusé tellement profond que je suis finalement sorti de l'autre côté de la Terre.

Attention, métaphore à sens philosophique xD et je serais capabe de vous le faire croire (quoique ... si)

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Commentaires
A
Qu'est-ce qu'on m'aime par ici, tout de même!
L
gueule.
A
"C'est comme si j'avais creusé tellement profond que je suis finalement sorti de l'autre côté de la Terre." étais. Pas suis.<br /> <br /> :p
Zycie jest cudowne
  • Ou la vie est belle en français. Comment ça la vie est belle? Mais la vie est moche! Le monde est moche, les gens sont cons, gros, chiants et ils puent! Oui les gens sont cons gros moches chiants et puants. Mais la vie est belle. Enfin j'espère.
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