Je suis un faux Grec
Et un faux Polonais.
Et un faux Français aussi.
(Et si on conservait les règles de l'Académie, on devrait toujours écrire les adjectifs de nationalité avec une majuscule, connards de vieux croûtons laxistes)
Je m'explique.
Il y a bientôt dix-sept ans naissait un jeune garçon qu'on nomme Ioannis Alexander Katsaros parce que Ioannis sa mère adorait mais que Alexander ils aimeint bien tous les deux. Et sa mère était Polonaise et son père était Grec. Après quelques problèmes, ils quittent Londres pour la France, et après quelques complications ils se séparent (genre, le père cherche un boulot, a des trucs pas stables, ils se disputent souvent, ils décident d'aller finalement en Grèce, le papa part et est sensé préparer le terrain, la maman est touours fâchée et a peur, tous les deux ne se comprennent plus et quand le papa revient il voit sa femme avecx un autre homme. Même si bon, elle lui avait envoyé un courrier avant quoi)
Pour diverses raisons l'enfant partage les cultures grecques françaises et polonaises jusqu'à ses 5 ans, où un incident impromptu (qu'apparement il aurait déclanché mais qu'il a des souvenirs contradictoires avec les différents témoignages) où toute liaison avec son père est coupée (enfin, 5/6 ans quoi, c'est les vacances).
Il poursuit sa vie dans un cadre culturel varié mais à la mentalité petit-bourgeoise dûe à son éducation.
Mais ça finit pas là. Ce garçon, il le sait qu'il a diverses nationalités, et qu'il est à la fois français, polonais, grec (rooh, la flemme d'appuyer sur shift); il a rien oublié. Pas si bizarre quand on sait que dans sa scolarité on lui dit qu'il est français, dans sa maison qu'il est polonais, et dans sa tête qu'il est aussi grec. Mais le problème de tout ça, c'est quand ça entre en conflit.
"Tu es polonais"
"Tu es français"
"Tu es grec"
Eh ben vous voulez savoir quoi?
Je suis ni l'un, ni l'autre, ni le troisième.
Je me sens pas plus proche d'une culture que d'une autre, ce qui ne veut pas dire que je ne connaît pas une culture plus qu'une autre; mais est-ce qu'un Italien spécialiste des moeurs indiennes est Indien? Non. Alors je ne vois pas le rapport.
Comme cet homme émigré aux états-unis avant la deuxième guerre mondiale qui est revenu en pologne en 80 quand le communisme commençait à baisser, et qu'il a déclaré au crétin qui lui a demandé s'il se sentait plus Juif ou Polonais:
"On ne pose pas ce genre de question de cette manière"
Il a répondu qu'il ne pouvait pas séparer ces deux faits, il était juif/polonais, ou polo-juif, ou Juifolonais, mais en aucun cas Juif et Polonais ou Polonais et Juif.
Par contre, moi je suis pas à ce stade.
J'aime la France, ce beau pays qui permet à 60 millions de personnes de vivre en majorité au-dessous au seuil de pauvreté avec pas mal d'avantages tout en polluant la planête et en exploitant bien plus de monde, ce pays qui aide le système capitaliste et qui favorise tout ce qui révolte les alter-mondialites, à commencer par les OGM, le nucléaire, la mondialisation et autres.
J'aime la Pologne, ce pays qui se prend pour LA victime du monde, qui aime ni les russes ni les français ni les grecs ni les allemands ni les polonais ni les européens MAIS qui aime l'argent (et certains polonais), qui aime l'alcool, qui pollue encore plus que la France, qui accepte que beaucoup de ses citoyens se fassent exploiter afin de se rendre attractif, qui vole de l'argent aux subventions européenes pour construire ses autoroutes qui attendent depuis plus de trente ans.
J'aime la Grèce, ce pays où les gens sont braillards, souvent superficiels, où on se gargarise des ruines de plus de deux mille ans, où on se victimise face aux turcs sans les haïr parce que c'est mal de le faire ils sont nos voisins, qui accepte les albanais parce que c'est de la main d'oeuvre pas chère mais qui les traite tout de même comme des étrangers, qui comporte plein d'erreurs d'organisations qui complexifient tout et plus encore.
Pour moi, ce sont des pays que j'aime, où j'ai énormément de souvenirs, où je pourrais toujours être plus ou moins bien acceuilli, étant donné qu'en tant que polyglotte multinational, j'encours le risque de me faire traiter d'étranger par tout le monde. Même les bohèmes peuvent me traiter de bourgeois, ou les bourgeois me traiter d'ahuri, les classes sociales comportent toujours une notion d'étranger.
Le problème dans tout ça, c'est que les cultures de tous ces pays aux yeux desquels j'ai l'air tellement important, je ne les connais pas vraiment. Et on me demande de m'y identifier. Sale affaire quand on y pense.
Alors j'espère que vous comprenez sans peine que je ne suis ni polonais ni français ni grec; si parfois, il m'arrive de me dire polonais, français, grec, afin de me différencier, c'est surtout et avant tout pour rire: je parodie. Je suis faux-français, faux-grec imitant le faux-polonais.
Si vous voulez savoir ce que je suis, vous avez qu'à vous contenter de mon nom, prénom, ou d'ailleurs je m'en fiche, appelez-moi trou du cul ça marchera tout aussi bien.