Clavier infernal
S'il y a quelque chose qui m'écoeure de plus en plus en ce moment, c'est de devoir écrire au clavier.
En ce qui me concerne, je n'aime pas le clavier quand je dois créer, je trouve ce support plat et froid au possible, il n'y a pas d'écriture plus désagréable que l'écriture au clavier. Toutes les lettres sont toujours identiques les unes par rapport aux autres, les mêmes as, les mêmes zs, et pareil pour ce qui est entre.
L'écriturre au clavier a aussi un je-ne-sais-quoi de léger, de frivole: tout ce qu'on écrit, on peut l'effacer, y'a même pas de mémoire qui peut retrouver ça. Oh, sûr, on pourrait savoir ce qu'a écrit une certaine personne en triturant bien dans le systè-ème informatique, mais ce qui est important, c'est la vision des choses au moment où l'on écrit: tout reste blanc, propre, sans rienq ui montre la sueur mise en oeuvre pour écrire. Rien. Je ne vois pas plus impersonnel qu'une écriture au clavier, rien de plus mou. L'usage du poignet est totalement oublié, on laisse les doigts pianoter, point. Si vous trouvez qu'il y a contact avec le texte je vou dit chapeau bas, moi je n'arrive pas à lier contact avec ce que je tape. Alors je tape uniquement les textes que j'ai écrit au préalable.
Oh, oui, c'est dur de prendre un stylo et d'écrire, le papier, c'est cher.
(Personne n'écrivait avant faut dire, surtout pas quand la valeur du papier était plus haute et que l'on était obligé de tremper sa plume toutes les huit secondes)
Pianoter sur le clavier. Encore un terme que je n'aime pas. Pianoter, c'est quelque chose de machinal, de pulsionel, le texte qui est écrit alors est vide de sens. Même les surréalistes trouvaient un sens à leurs oeuvres, chercher l'inconscient dans l'ériture, en passant par tout ce qu'il y a de plus automatique (et peut-être auraient-ils adoré un système d'écriture aussi coupé de la conscience), et c'est déjà trouver un sens à son écriture. Choisir de pianoter sur son clavier pour arriver à un texte dont le sens est absent, là encore, oil y a un sens (qui est de ne pas avoir de sens, mais on ne cherche pas la valabilité des sens donnés aux textes). C'est lorsqu'on pianote sans se rendre compte que le texte écrit est vide que se trouve le problème. Une écriture mécanique n'est pas une écriture: elle manque de coeur.
Alors, j'en ai déjà marre d'écrire ça au clavier, je vous passe le lien vers une chanson de Brassens qui me plaît énormément, et si vous n'êtes pas d'accord avec moi, eh ben c'est que vous êtes cons.
Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons (avec un titre pareil ça me plaisait forcément) :
http://www.frmusique.ru/texts/b/brassens_georges/ceuxquinepensentpascommenous.htm