Janvier 2008?
Par où commencer quand tu veux écrire le commencement quel commencement ils sont légions tu le sais tu veux écrire tu ne sais quoi alors tu grattes avec ta plume Albatros atterré tu grattes et rien ne sort ni le sang ni l'âme l'Encre l'encre sort et noie les marins mais combien sont-ils et savent-ils nager albatros tu t'enfuis tu échappes et reviens tu as commencé et alors et alors qui s'en moque et alors et alors qui s'en moque ce n'est rien pour toi c'est toute ta vie risible dérisoire ridicule et pourtant Et pourtant c'est avec une plume une seule et unique plume à ton bras que tu t'envoles tu es fatigué ta plume te tiens à peine pourquoi ne pas la lâcher pourquoi t'obstiner tu n'es pas Baudelaire tu n'es pas poète tu es un oiseau fatigué déplumé épuisé pourquoi albatros arrête ton égo ça ne rime à rien arrête tes bons mots redeviens humain noircir des feuilles de mots tu veux être immortel tu es oiseau risible et les marins se noient et ils te crachent au visage et même d'en bas ils te touchent tu as commencé tu t'as envolé et alors albatros et alors ils se noient et tu pleures ils se noient et tu gouttes leurs crachats retombent et ils s'en moquent tu ne veux plus t'approcher tu ne veux plus les voir tu t'en vas une plume à la main et tu crois que tu es beau que tu es charmant que tu es intelligent égo égo mille fois égo je suis égo nous sommes égaux et albatros s'envole sur son nuage il oublie la mer et le bateau où les marins s'accrochent à leurs planches mouillées et ils glissent et ils toussent albatros s'en va mais regarde en arrière un crachat lui couvre l'oeil et il pleure il s'en va Reviens albatros moi aussi je veux cracher reviens tu es égo nous sommes égaux et gagas on est tous fous reviens tu n'es rien tu n'es qu'une plume qui flotte au vent un morceau une poussière dérisoire insignifiant tu n'es qu'une plume sans aucun poids et tu crois voler mais on te portes tu ne voles pas eux ils se noient tu pleures tu les oublies tu aimes ton nuage tu tombes tu ne vois pas on ne te portes plus une plume pour un bras c'est pas grand-chose tu ne voles pas et tout d'un coup les marins reviennent et ils sont sur le pont le navire ne coule pas et ils rient grassement toi tu pleures et ils crachent et tu les hais il te reste une plume vas-y rien ne te retiens tu disais que rien n'est plus fort qu'une plume ça les fait bien rire avec leurs gros bras tu voudrais une arme pour les tuer leur faire mal mais tu as une plume la plus belle des armes ils se moquent tu pleures et tu cries albatros veut se battre mais il est faible alors il crie il crie il crie parce que ça n'a pas de sens eux qui se moquent et lui qui pleure pourquoi pas de réponse pourquoi rien le grand vide Camus et l'absurde mais tu es loin de ça tu es trop faible Camus était grand comme Sartre Comme Beauvoir comme Platon Socrate on se souvient d'eux on les connaît sans leur parler non ce n'était pas eux eux ils sont grands tu es dérisoire alors pourquoi albatros tu n'as qu'une plume tu ne peux même pas planer ils te regardent et ils ont faim ils veulent enlever ta plume tu te débats tu ne veux pas mais ils sont forts tu n'y peux rien Liberté j'écris ton nom alors là ils refusent tout comme moi albatros tout comme toi ils sont égos nous voilà égaux maintenant toi moi les marins et alors albatros tu as aimé ton vol tu n'es pas allé loin ils se moquent tu es nu tu pleures et s'ils te mangeaient albatros tu ferais quoi qu'est-ce que tu ferais tu ne ferais rien tu crierais tu ne pourrais rien faire albatros une plume ce n'est rien tu les pinces tu les piques ton bec leur fait mal mais ils supportent albatros ils sont habitué ils connaissent la douleur ils la vivent tous les jours ils vont plus loin que ça ils te tordent le cou ils déchirent tes ailes tu n'avais plus de plume maintenant tu es mort tu n'es plus albatros tu es marin et paillard tu craches sur tes restes tu n'es plus dérisoire tu as muscles et bras albatros fier et libre à jamais dans sa tombe et jamais reconnu et jamais libéré immortel déjà mort dérisoire entre tous te voilà marin le scorbut ronge tes dents l'alcool mange ta mémoire tu babilles et tu grognes tu étais dérisoire maintenant tu n'es plus rien et ça t'enchante et ça t'enchante marin mort ivre mort ça t'enchante es-ce que ça t'enchante tu trouves ça charmant tu trouves ça beau intelligent souviens-toi nous sommes tous égos.
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