151 ième message!
Aujourd'hui j'ai atteint le même nombre de messages que de pokémons de la première génération! Grossièrement je suis arrivé à écrire un pokédex. Un peu lent pour un pokédex, j'en conviens, vu les trois ans que j'ai mis pour atteindre ce niveau - quoiqu'à la longueur de certains articles il est possible que je le dépasse en moins d'un message - mais tout à fait honorable je trouve.
Si j'avais des réflexions je crois que je serais à même de vous les partager. Que dis-je, puisque j'ai des réflexions je m'en vais vous les faire partager! C'est bien dans cette optique que j'ai ouvert ce blog et même si j'ai changé entre-temps, parfois, j'en conviens, passant du pareil au même, la raison que je donne à son existence n'a pas tant changé. Je manque juste de raffinement, déjà tout court, ensuite dans ma réflexion, et ce n'est que dernièrement que je m'en suis offusqué. Heureusement pour vous (?) ma mauvaise conscience est de courte durée et c'est donc avec ravissement que je vais vous décrire ici les résultats de mes pensées, dont l'origine est à attribuer à mon professeur de philosophie que j'admire et caetera.
Le sujet se pose ainsi: on suppose qu'on admet l'existence de la vie en tant que mouvement particulier, en prenant mouvement au sens de déplacement mais non local, c'est-à-dire un flux; qu'ainsi la vie n'est pas strictement la somme des événements physiques intelligibles, comme ceux qui expliquent, par exemple, le mouvement des planètes. Qu'il s'agit d'un phénomène de seuil, où, une certaine complexité atteinte, arrivent des événements qui ne sont pas nécessaires à priori, c'est-à-dire que les systèmes vitaux dépassent une explication purement physique; qu'ainsi le système nerveux en se complexifiant fit apparaître la conscience, (en supposant que son existence n'est pas illusion), événement qui dépasse la physique même moderne pourtant très pointue. La question est de se demander si un mécanisme qui suivrait les mêmes règles pourrait lui aussi être considéré comme vivant, et mon professeur tient la thèse que non, pour deux raisons principalement: la première, c'est que le mécanisme est créé par les vivants pour une fin qui lui est extérieure, alors que le vivant est une fin en soi. L'autre différence, qui partage une des caractéristiques de la première, c'est l'intentionnalité du vivant: ses mouvements sont toujours fait dans une certaine fin qui lui est interne. Ainsi une machine programmée pour recharger ses batteries n'est pas vivante parce que sa fin a une origine extérieure, qui est l'être vivant qui l'a programmée. Un des problème que je perçois ici est le suivant: à supposer qu'on ait donné une complexité suffisante à un mécanisme, je ne comprends pas pourquoi le phénomène de seuil décrit auparavant ne pourrait pas se reproduire à l'identique de manière à voir apparaître un être mécanique et vivant. A moins qu'une fois cette frontière dépassée, cet être ne soit plus mécanique; ce qui pour moi revient à dire qu'il est né du mécanique pour arriver au vivant. Dans ce cas, l'origine de ce nouveau vivant n'a pas de sens, car son apparition n'était pas prévue par celui qui l'a voulu, étant donné le phénomène du seuil. Je crois qu'on pourrait aller plus loin et affirmer que même si ce vivant "ex machina" avait un but au départ qui lui était extérieur, le mouvement qui l'anime est du même ordre; à vrai dire supposer l'inverse me semble absurde parce qu'il est possible de donner un but à sa descendance et de le lui faire suivre.
Si on veut résumer, pour moi il est possible qu'on arrive à créer une machine telle qu'elle possède toutes les caractéristiques du vivant. Serait-elle vivante ou ne serait-elle que l'illusion du vivant? A mon sens il n'y a pas de différence entre une copie parfaite et l'original du point de vue de la constitution même. En ce sens, la seule différence serait que les vivants originels seraient nés de la nature tandis que les vivants seconds seraient nés de la technique, ce qui constitue une séparation au sein même du vivant, mais qui ne serait pas suffisant pour exclure une mouvement tout à fait identique à celui de la vie du mouvement du vivant. A moins qu'il ne fasse partie d'une autre catégorie parallèle à celle du mouvement de la vie, tout aussi radicalement différente des autres mouvements mais qui soit d'un autre ordre que la vie.
Je n'ai pas vraiment le coeur à développer ce problème en entier. Je vous laisse ce que j'espère être la substantifique moelle (mais qui d'ici dix jours se révélera être pour moi les divagations d'un jeune écervelé inconscient au pire et les vagues erreurs d'un ignare capable de se rattraper au mieux), de manière à m'économiser du temps et du travail. Que dis-je, du temps de sommeil uniquement.
And now, for something completely different...
Voici une autre réflexion qui m'a traversée l'esprit ce matin et que j'ai notée, comme je suis généralement en avance de trois quarts d'heure sur le premier cours transports obligent. Ca semble partir in medias res mais ce n'est pas tellement le cas, c'est juste un effet de style qui peut-être est maladroit, c'est à vous de juger.
Je ne comprends pas ce principe.
Je ne le comprends pas aujourd'hui. Cette fausseté qu'on nomme affable, cette gentillesse trop aimable, cette indifférence masquant la haine; elle n'est pas insupportable, oh non! Elle me dépasse, c'est tout.Toutes ces conventions pour arriver aux mêmes résultats que la sincérité sans en avoir le naturel. Y'a-t-il une raison d'être à la politesse sinon de diminuer le volume des voix colériques? Qu'on me comprenne, cela est suffisant; mais quelle inanité dans les propos...
J'arrive à comprendre, par contre, la tendresse, la compassion, l'amour fraternel et l'amitié, toutes ces choses qui, pour peu qu'on les montre légèrement, suffisent à transformer les heures sombres en heures douces, les moments sourds en simples silences. Ces émotions et manifestations se passent très facilement de la politesse, elles vivent d'ailleurs mieux dans la facilité sincère et la franche simplicité. Comment fait-on pour vivre si longtemps parmi tous ces artifices - car la politesse est un artifice à tous sens du terme, elle est créée par l'homme par l'homme, elle est complexe et l'on s'en passe excessivement bien -, comment fait-on pour arriver à ce "naturel de l'artifice"? L'homme, un animal qui s'habitue: peut-être bien; mais qui tend à la tendresse crue. Et c'est vers cette "cruauté" que je veux tendre, cruauté du langage et des gestes contre la sophistication par excès, petits grands mots contre grands petits mots. Que règne chez moi le langage tendre plutôt que le langage poli, voilà ce que je cherche.
Je crois que ce texte s'explique lui-même. "L'homme, un animal qui s'habitue": je ne sais pas si c'est le mot de quelqu'un d'autre que j'ai piqué ou si je l'ai inventé. Quoi qu'il en soit je ne l'ai pas tiré de nulle part parce que c'est dans mes cours de polonais qu'on en a parlé en premier lieu, dans les écrits de Tadeusz Borowski (un auteur polonais du courant des "Colombs", c'est-à-dire né dans l'entre-deux-guerres optimiste de la Pologne, et plus spécifiquement dans "Adieu à Marie" (Pozegnanie z Maria, avec un point sur le z et une cédille au a final de Maria), où il explique avec une tranquillité inquiétante la vie à Auschwitz et comment il est arrivé à considérer cet endroit comme sa maison, qu'il supportait sans peine la violence et le travail et la mort autour de lui, que tout ceci était devenu finalement "normal". Et c'est assez déprimant, je l'accorde.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui mais c'est déjà beaucoup, ça m'a pris une heure de mon temps de travail. Bonne journée à vous!