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Zycie jest cudowne
14 avril 2011

Cellulaire

Voici la journée d'un certain Luminox.

Luminox s'est réveillé vers 6h45, quand sa mère est venue lui dire qu'elle ne l'amènerait pas au lycée ce jour là. Il reste donc au lit jusqu'à 7h, se lève, prend quelques vêtements et une paire de tongs puis prend sa douche. Dans sa douche, après s'être lavé, il reste encore deux minutes sous l'eau chaude avant de sortir, de sécher d'abord lui puis ses cheveux, de laver ses dents, préparer son sac et de sortir à une minute de l'arrivée de son bus. Marchant cinquante mètres, il arrive pile au moment où son bus s'arrête, une prouesse qu'il n'a ratée qu'une seule fois, quand son portable était à la mauvaise heure, une excuse qu'il se donne pour justifier sa soi-disant impeccable ponctualité. Dans le bus, il lit le dossier de sociologie qu'il était sensé apprendre pour le jour même: il a une colle le soir avec son professeur, celui qui est particulièrement désagréable quoi qu'il arrive, et il était légèrement le dernier élève de cette matière au premier semestre. Arrivé, il a lu deux pages sur 56. Il sort donc à la gare, descend pour le tram, où il attend une amie à laquelle il veut raconter son bonheur de la veille: il est passé sur le day9daily, funday monday, parce qu'une de ses parties de starcraft ont été sélectionnées pour être commentée parce qu'elle était assez intéressante et drôle, et qu'il en est assez fier. Celle-ci arrive en retard, donc quinze minutes après son arrivée à lui, et avec un ami qu'il ne connaît pas, qu'elle présente donc, et il oublie par conséquent tout ce qu'il voulait dire. Dans le tram, une autre amie arrive (inattendue), et ils avancent vers leurs cours, en arrivant quelques minutes avant le professeur.

Deux heures d'histoire passent.

Pause courte: il va donc en latin, dans le bâtiment d'en face. Il rencontre une des latinistes qui est partie des 4 heures hebdomadaires aux 2, parce qu'elle se sentait d'un niveau trop faible. Puis latin.

Deux heures de latin passent, mais sans la vitesse absurde des cours d'histoire. Il discute quelque peu avec sa voisine, apprend qu'elle s'est fâchée avec un ami proche après lui avoir fait remarquer son agacement et son état pensif, devine de qui il s'agit et refuse de s'en assurer, afin de ne pas être trop invasif. La classe corrige donc la version latine qu'il avait, lui, réussi, contrairement aux 3/4 des latinistes, ce qui l'avait rendu fier. Et deux heures passent à peu près à cette vitesse.

Vient alors l'heure de manger. Il discute un peu avec ceux qui le côtoient alors, sauf deux, absents pour des raisons inconnues. Une discussion sur le comportement d'un des membres du groupe, qui est passablement agressif/susceptible pour des raisons inexistantes, puis des remarques vis-à-vis de la professeur d'allemand aux décisions absurdes, des échanges de nourriture (une part de tarte contre une entrée à l'apparence étrange), et finalement la sortie de la cantine. Quelques petites paroles échangées plus tard, mauvaise nouvelle de la journée: un devoir supplémentaire en anglais pour le lendemain à l'improviste, sur un texte qu'il n'est pas sûr d'avoir. Une bonne nouvelle également: il est possible qu'il passe avec un autre professeur en colle, un qui n'est pas plus agréable mais qui donne des conseils très utiles et qui lui ont fait comprendre la logique à appliquer.

Une heure de mathématiques passe.

Deux heures de sciences sociales passent.

Il choisit de passer en dernier pour sa colle de sociologie, afin de lire les 54 pages qui lui restent à travailler. Il va donc au cdi, après la deuxième bonne nouvelle: il passe effectivement avec l'autre professeur. Luminox est donc très content.

Il lui reste une heure pour travailler son dossier. C'est là qu'il se réveille totalement pour la première fois de la journée: il lit à une vitesse phénoménale, arrivant à apprendre en même temps les termes définis - du moins, suffisament pour pouvoir les réutiliser l'heure suivante, et qu'à la prochaine relecture, plus calme, il puisse se les approprier véritablement. Mais cela prend encore trop de temps, et une âme généreuse lui fournit le dossier avec les parties importantes surlignées; ce qui signifie qu'il n'a plus que 80% du dossier à lire, une économie non négligeable.

Une demi-heure de lecture passe.

Deuxième et meilleure nouvelle depuis le début de l'année: sa colle est annulée, le professeur en question est absent.

Luminox saute de joie, ne trouve personne devant qui se vanter, finit pas décider de rentrer chez lui.

Il achète au préalable une tablette de chocolat qu'il devait offrir comme gage à une amie depuis un certain temps, comme sa bonne humeur l'a rendu généreux dans la mémoire de ses dettes, et court pour attraper le bus qui arrive à la gare 1 minute pile après lui. Au passage, il bouscule - c'est-à-dire frôle - une dame dans l'escalator, face à laquelle il s'excuse, puis jure quand elle continue à l'invectiver, étant assez pressé/stressé comme il l'est: il ne sait pas à quelle heure passe le bus, le prochain est 45 minutes plus tard, il n'a pas envie de patienter si longtemps! Le bus arrive donc et il monte à l'intérieur.

Une fois dans le bus, il commence à penser à la dame. Non, il refuse de se sentir coupable: elle n'est ni blessée ni n'a été mise en danger, il a à peine touché son bras, s'est excusé platement quoique prestement, chose que celle-ci a ignoré en préférant se récrier. Elle ne tenait aucun poupon, n'a été incommodée que de manière très prompte et ponctuelle, et si elle l'est plus longtemps c'est qu'elle désire de tout son coeur haÏr celui qui lui a effleuré le bras durant sa course désespérée. Il n'y a pas de quoi en faire un drame.

Le bus est bloqué dans des embouteillages. Luminox pense aux embouteillages: comment les modéliser de la manière la plus correcte possible? assurément un modèle pressiométrique ne marcherait pas, les particules se déplacent dans tous les sens, contrairement aux voitures, qui montent dans un sens. Il pense donc à un modèle hydrolique, un système de sablier: après tout, il est nécessaire d'avoir une réduction de la zone de passage pour qu'il y ait un embouteillage, non? A ceci près que la pression augmente avec l'altitude, et qu'un embouteillage ne se résout pas plus vite avec la file des voitures bloquées derrière; il faudrait prendre un cas où la pression est négligeable, ce qui n'est guère intéressant. Et puis, un accident peut également provoquer un embouteillage, et on ne modélise pas un accident par de l'eau. Il renonce donc momentanément à trouver une modélisation correcte d'embouteillage, ne voyant pas de méthode qui fasse correspondre suffisamment le réel au modèle.

Une personne appelle derrière, lançant l'éternel "tu es où?", question rassurante mais inutile. Il se met donc à penser aux téléphones portables: quel est leur utilité? Il est évident de premier abord qu'ils ne servent à rien d'autre qu'à l'information et à la communication, ce qui veut dire à rien pour tous ceux qui ne s'en servent pas afin de donner des ordres. Certes, cela peut rassurer d'avoir un proche au téléphone, et nous donner des informations sur son état ponctuel, mais à quoi d'autre? Poussant très légèrement la réflexion, il se dit qu'ils ont une utilité dans le lien social, en le facilitant d'une part, en permettant un contrôle permanent de celui-ci - qui est la seule chose qu'un téléphone portable permet de maîtriser, n'aidant ni à maîtriser les événements, ni à les prévoir, simplement à en apprendre l'existence beaucoup plus tôt -, mais également en le diluant, en le rendant moins important, et en forçant, de ce fait, la nécessité de cet appareil. Il pense que le sujet est intéressant et qu'il devrait en parler dans son bjournal en rentrant le jour même.

Cinquante minutes passent.

Il arrive enfin chez lui, avec une demi-heure de plus de passées dans le bus que d'habitude pour un trajet de retour. Il trouve sa mère à la maison et décide une fois n'est pas coutume de discuter avec elle. Il lui raconte sa journée, elle lui raconte ses problèmes - la voiture s'est encore une fois détraquée, elle retourne au garage, avec des dépenses qui vont suivre, comme s'il n'y en avait pas déjà largement assez. Elle lui demande s'il a des amis garçons, ce à quoi il répond "mouais", et ainsi ils discutent de l'importance qu'il faut donner à avoir un ami du même sexe, qui permet une amitié sans tension amoureuse possible - chose qu'il a déjà expérimentée dans l'autre cas, sans que ce soit une règle - avant de décider d'aller acheter à manger au turc du coin, les vivres se limitant à un reste de pâtes de la veille, sans sauce.

Il commande donc la nourriture, et choisit de s'acheter également un paquet de cigarettes, parce qu'il n'a pas fumé depuis un mois, et qu'il trouve l'envie non pas irrésistible mais qu'il est simplement lassé d'avoir subi tant de choses inintéressantes dans une journée aussi joyeuse, et qu'avec ceci on lui a rappelé que cette journée était un point blanc sur une ligne noire, c'est-à-dire une rupture sans échapatoire, adimensionnelle et insignifiante. Alors il va chercher tout ceci, achète les cigarettes avec son argent personnel (la nourriture avec celui de sa mère), puis rentre, mange. Se flaque devant son écran.

Quatre heures passent.

Il décide d'écrire, enfin, et de travailler.

Deux heures passent.

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Commentaires
Zycie jest cudowne
  • Ou la vie est belle en français. Comment ça la vie est belle? Mais la vie est moche! Le monde est moche, les gens sont cons, gros, chiants et ils puent! Oui les gens sont cons gros moches chiants et puants. Mais la vie est belle. Enfin j'espère.
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