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Zycie jest cudowne
21 mars 2011

Doute

Comme toujours il est tard quand je me met à écrire. Parfois plus tôt que d'autres, mais toujours il fait nuit noire. Je ne m'explique pas ça plus que par l'inactivité soudaine que ça force chez moi, à des moments où je ne suis pas forcément fatigué comme on peut croire.

 

Un doute étrange m'assaille dernièrement, et ce n'est pas le genre de doute qu'on reçoit tous les jours, comme "ai-je-fermé-la-porte-en-sortant-ce-matin", ou "le-gas-est-il-fermé-mon-dieu", qui arrive plus fréquemment que le doute qui me touche. Enfin doute est un mot faible pour parler d'une certitude absolue, démontrée par l'expérience répétée plusieurs fois de suite et dont on reçoit confirmation orale à chaque fois qu'on en parle.

 

La chose en question est la suivante: j'ai une tête de victime, ou plus précisément, une gueule de con. J'ai la tête de quelqu'un facile à arnaquer, à avoir, qui est manipulable, par conséquent éminemment sympathique à tout inconnu se trouvant en manque soit d'une cigarette, soit de deux euros (et qui m'en taxe dix), soit de tout ou n'importe quoi ce qui lui passe par la tête. La vérité m'a frappé un beau jour où je me suis fait demandé en dix secondes d'intervalle par trois personnes différentes: du feu, une clope, et des feuilles pour rouler un joint. Dix secondes! Pas cinq minutes! J'ai vraiment la tête d'un distributeur automatique où l'on vient se servir de tout ce dont on a envie; si je portais une ceinture de dynamite je trouverais quelqu'un encore pour m'en demander un bâton.

 

Le pire, c'est que dans un certain sens, ça me semble assez plaisant. Ca donne l'impression, un bref instant, d'avoir de l'importance pour ces personnes, d'avoir du pouvoir sur elles, de les dominer en quelque sorte: rien ne m'empêche, au moment où elles demandent mon aide, de la leur refuser, et de les envoyer courir ailleurs. Mais parce que je leur donne de mon plein gré ce qu'elles veulent, et parfois plus, ça fait de moi un bienfaiteur, qui va jusqu'à aider les inconnus d'une façon apparemment désintéressée, comme pour donner l'exemple afin que le jour où j'aurais besoin de la même aide, je l'acquière également.

 

Laissez-moi vous dire: tout ça est une blague. Le sentiment de choix que je ressens? C'est un preuve de la facilité avec laquelle on me manipule. Et pourtant, je le remarque, qu'on me manipule. C'est pas comme si j'étais un imbécile heureux de donner à tort et à travers ses maigres possessions. Mais j'ai toujours une imbécile tendresse envers ceux qui tentent de me manipuler, soit que c'est trop évident, soit qu'ils sont trop minables et qu'ils risquent sans doute d'avoir besoin de cette aide. Et elle est stupide, cette tendresse, affreusement stupide, parce qu'elle encourage de une d'autres rapaces à venir me demander de me dépouiller volontairement, et de deux elle me conforte dans l'idée que je suis capable de résister à la manipulation en choisissant de plein gré d'y rentrer - ce qui est, au final, le principe même de la manipulation: on rentre parce qu'on croit qu'on l'a choisi, pas parce qu'on y est forcé: c'est ce qui la différencie, au reste, de la coercition.

 

Et je suis là, donc, au milieu de la rue, en train de donner à tort et à travers à des inconnus qui ne verraient pas d'objection à ce que je me vide de mon sang pour peu qu'ils en aient leur part, et je suis heureux de le faire parce que je l'ai choisi moi-même! Ah, mais que je dise que je m'en rende compte ne me rend pas meilleur, ça me rend pire, parce que je sais parfaitement que je suis manipulé et je refuse d'une d'y résister, et de deux de voir ma faiblesse vis-à-vis d'elle. D'autant que demain, si on me demande à nouveau dans la rue d'ôter mes grolles pour les donner à quelqu'un, loin de les lui foutre au cul je les enlèverais bien sagement afin qu'il puisse marcher dans mes chaussures préférées, les détruire avec ses pieds trops gros (pas qu'elles soient bien entretenues, soit dit en passant), et me retrouver va-nu-pied jusqu'à ce qu'on me demande mes chaussettes. Il n'y a pas de séparation nette, tranchée, pas de changement subit dans les comportements, l'apprentissage est toujours long et en douceur.

 

Bref, j'ai l'air d'un pigeon, ce qui est en soit assez désastreux. Que peut-on dire d'une personne dans mon cas? Qu'elle devra toujours être sur le qui-vive à chaque imbécile tentant de la mettre dans son sac. Or c'est fatigant de toujours devoir se mettre dans une position de doute total, devenant paranoïaque, évitant tout contact parce qu'il est inévitable qu'on refuse de m'accorder le moindre brin d'intelligence: si j'écoutais les autres, j'aurais encore du mal à lacer mes chaussures! Et que peut espérer dans la vie une gueule de con? Généralement une femme ou un compagnon qui le trompe: bon, ça je m'y suis préparé depuis longtemps, j'ai une quinzaine de chansons qui pourraient me consoler pendant que ma dulcinée (si jamais j'en ai une un jour) sera martelée dans mon propre lit, poussant des hurlements d'extase que je n'aurais jamais ouï, couvrant le son de ma radio qui criera "Cocu tant qu'on l'voudra mais pas Amphytrion", quoique, j'en suis certain, si jamais on en vient là, son beau sera invité chez nous tous les jours et mangera à l'oeil, et à la place du maître de maison! Et encore, c'est dans le meilleur des cas où je reste pauvre, parce que si je deviens riche un jour, ce ne sera que pour me faire voler ma fortune après des mariages d'argent. A moins qu'un entrepreneur ne décide de me délester de tout cet argent qui ne servirait pas chez moi, et il vaudrait mieux alors pour moi qu'ils se disputent, l'inverse signifiant qu'elle me quittera pour lui. Dans la vie professionelle, d'ailleurs, je n'aurais jamais de poste à responsabilité, ayant trop bonne mine pour ça; ça m'arrange d'un certain côté, j'ai une aversion profonde pour les postes de grand ordonnateur tyranique... Ce qui résout immédiatement le cas de richesse de mon côté, ce qui est une bonne chose finalement.

 

Il y a des vérités qui nous touchent par le seul fait d'être né, par notre seule existence, et je n'ai pas beaucoup de doute sur le fait que modifier mon apparence physique n'ôtera jamais de moi cette aura de pigeon que je traîne et qui incite tout le monde à me considérer pour moins que je suis. Mais après tout, si j'accepte de me faire duper, je le mérite.

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Commentaires
L
... des coups vachards?<br /> O_ô lesquels?
C
Jasiek, tu n'as pas une tête de pigeon. Parce qu'un pigeon est quelqu'un de crédule,qui se fait arnaquer. Et une arnaque c'est une escroquerie, une escroquerie c'est l'action d'escroquer (= renvois du dico) et escroquer c'est soutirer par a ruse et de manière souvent frauduleuse quelque chose à quelqu'un. Or toi on te demande des choses et tu acceptes de les offrir (ou de dire que tu ne les as pas dans certains cas, of course.). Tu as la tête de quelqu'un d'aimable, ok, sympa, ok, (qui fume, sans aucun doute), éventuellement de quelqu'un qui partage facilement. En mettant les choses au pire, de quelqu'un qui ne sait pas refuser. Mais là, j'ai un gros doute.<br /> Bref, pas d'un pigeon. Pour la définition 'j'ai la tête d'un con", là je dis pas. Mais pas d'un con stupide, plutôt d'un con qui fait des coups parfois vachards ^^.
Zycie jest cudowne
  • Ou la vie est belle en français. Comment ça la vie est belle? Mais la vie est moche! Le monde est moche, les gens sont cons, gros, chiants et ils puent! Oui les gens sont cons gros moches chiants et puants. Mais la vie est belle. Enfin j'espère.
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