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Zycie jest cudowne
6 avril 2011

Plum Pudding

Un mot qui me traînait dans la tête au moment de choisir un titre. Rien à voir avec le sujet. Quoique... Un plum pudding de haine, c'est exactement ça.

 

Je hais ma vie. Je hais ces moments où je sais que rien dans mon avenir ne pourra être comme je l'espère parce que j'ai eu le malheur de naître dans une famille qui ne sait pas se mettre d'accord, qui a été déchirée avant que j'ai la moindre pensée, de vivre avec une mère trop indécise, trop fixée sur les apparences et qui connaît moins bien la langue française que moi, qui est dépendante de ses enfants pour chaque texte qu'elle doit remplir de peur de révéler sa grande propension à l'erreur; je hais le fait de savoir que malgré les énormes avantages que me procure l'état-providence français, le toit sous lequel je vis ne m'appartient pas, et que je peux en être jeté à tout instant; que tout mon argent, et celui de ma mère, provient de lui et qu'il n'y a rien, finalement, chez moi que je puisse dire avoir "acquis" par moi-même, si ce n'est quelques misérables bouts d'encre et de papier que j'ai payé à la sueur de mes MacDo. Je hais la réaction que peuvent avoir les gens qui me demandent pourquoi je m'autorise à acheter certaines "frivolités" comestibles alors que je manque aussi souvent d'argent - quand on sait qu'à chaque fois que je ne mange pas, ce n'est pas par choix; je hais ces moments où je vois, en face de moi, quelqu'un se plaindre de n'avoir pas pu s'acheter un nouveau portable, parce que ses parents refusent de lui fournir les 200€ vu que son dernier joujou date d'il y a six mois - pauvre, pauvre de lui, quand c'est moi qui donne de l'argent à ma mère...

 

Je hais l'état de ma vie, l'état de dépendance envers les institutions impartiales et donc impitoyables, bureaucratiques et froides d'un état de plus en plus xénophobe, qui peut me refuser son aide sous prétexte que je n'ai pas rempli les conditions du grand deux petit c alinéa troisième. Je hais tout ça, que je ne peux pas oublier, quelle que soit la dose d'alcool qui flotte dans mon sang, quelle que soit la fumée qui emplit mes poumons, ou la caféine qui sature mon cerveau, tout ça qui reste collé à moi comme une tique à ma peau, et face à quoi je n'arrive pas à prendre de recul. Je hais cette sensation de piège qui se referme sur moi, que j'éprouve chaque jour, comme une prison dont les murs se rapprochent lentement, comme un cachot qui rapetisse  jusqu'à épouser ma forme et se muer en une seconde peau. Je déteste ça, l'impression d'être seul face à cette horreur, impression qui n'est pas tout à fait loin de la réalité, non pas qu'on m'abandonne, mais je suis trop loin de l'aide qu'on pourrait me fournir, ou bien je ne la vois pas parce que je ne sais même plus à quoi elle ressemble.

 

Je hais la paranoïa qui me remplit, qu'elle soit négative, quand je crois que tous me détestent, me refusent, abhorrent la moindre de mes fibres; ou positive, quand je crois qu'on m'adule et que je m'enchante des feux virtuels qu'on nourrirrait en mon nom. Je hais cette apparente nonchalance que je donne, ce visage qui est le mien et qui n'a jamais appris à prendre l'apparence de la détresse, et qui lui remplace celle de la fatigue, cette gueule qui ne sait pas se fâcher, juste avoir l'air ennuyée. Je hais ces yeux qui ne savent pas pleurer malgré qu'ils en aient, et qui pourtant sont plus humides qu'un coeur arraché; je hais ce coeur qui ne sait battre que pour des causes perdues, que pour de faux semblants, qui subit coups après coups sans rien en apprendre. Je hais cette vie.

 

Je hais ces personnes brisées que j'aide au moment où elles en ont le plus besoin pour ne plus jamais ma parler. Je hais également celles qui n'arrivent pas - ô l'hypocrisie d'un coeur généreux! - à se remettre sur pied et à me laisser tranquille un instant, ou du moins à me servir de support afin de mieux les soutenir, elles que j'aime pourtant, sans quoi je ne les tiendrais pas. Je hais tous ceux qui s'estiment d'un grand coeur quand ce n'est que pour aider ceux qui ont la chance d'être de leurs amis - c'est les aidant que je me les suis fait ces amis; quand on peut réellement parler d'amis vu le nombre de ceux qui tiennent à mon amitié...

 

Je hais d'avance tous ceux qui lirons en pensant qu'il est facile de geindre quand on ne se débat pas; je n'ai jamais autant geint qu'en m'étant débattu, je n'ai jamais tant résisté depuis que je geins. Je hais également tous ceux qui vont oublier ces mots sous prétexte que leur vie est plus grave - tous les malheurs ne sont pas comparables, cela ne m'a pas empêché de réconforter celui qui perdait une broutille malgré l'indifférence qu'il portait sur mon sort! Je hais également celui qui me plaindra de larmes trop froides - je ne veux pas qu'on pleure mon cas, je veux uniquement qu'on le reconnaisse pour ce qu'il est.

 

Je hais tous les religieux, quels qu'ils soient dans ce monde, qui croient que ces mots ne sont qu'une longue prière, qu'un long appel à l'aide divine: s'il est un dieu il me hait, et nulle prière ne le ferait revenir sur son choix, si tant est qu'il obéisse à un rapport marchand.

Je hais cette langue que je voudrais manier, mais qu'il m'est impossible de maîtriser au point où je le désire, n'ayant eu aucun exemple dans ma famille qui la maîtrise mieux que moi-même. Je hais ce style grandiloquent chez des auteurs reconnus, qui furent incapables de le rendre naturel à l'oeil et à l'ouïe mais qui sont vantés pour la qualité de leur langage et la précision des termes qu'ils utilisent, comme s'il suffisait d'être un scientifique des mots pour être un artiste immortel, et qui malgré tout pondent des miracles ponctuels, que je ne peux pas réfuter, ce qui me les rend d'autant plus détestables. Je hais ces mots qui refusent de se former correctement dans ma bouche, sous ma plume, sur mon clavier, ces mots familiers qui s'échignent à me faire tort et à me rendre stupide, ces mots qui sont ma seule richesse et ma seule amitié, et que j'abandonne si souvent au profit d'une tentative d'oubli, me laissant en soif de sens, de sens à mes mots, à mes pensées, à ma vie, à ma famille, à l'ensemble de ce qui m'entoure, soif de cet infini transcendant plus divin qu'aucun Yahvé, qu'aucun Allah, qu'aucun Jéhova, Zeus, Rama, Raël, qu'aucun Râ, une soif du VERBE enfin, qui, né avant ou après les hommes, les accompagne désormais et ne peut plus s'en séparer, quelque forme qu'il revêt, que je le nomme français, grec ou latin, polonais, russe, aztèque ou laossien, espéranto ou volapük, congolais ou mahorais, le VERBE, ce seul dieu à échelle humaine que je puisse jamais reconnaître, je le hais plus que tout, lui qui se refuse à moi, lui que je n'atteindrais jamais...

...

... mais plus que tout, plus que cela, plus que ma vie, plus que mon dieu, je me déteste moi-même, moi-même qui ne sait pas accepter mon sort, moi-même qui ne sait pas lâcher prise, moi-même qui s'acharne, forcené, Sisyphe aveugle, à pousser un caillou en haut d'une bute, avant de l'entendre rouler au loin, moi-même qui persiste encore, malgré son athéisme, à utiliser une morale et un langage inspiré de textes religieux auxquels je n'adhère en rien, moi-même qui est rejeté quelque soit le groupe auquel il se lie, parce qu'il ne forme aucun lien, moi l'inutile, moi le mauvais...

 

Je hais savoir que je n'ai pas pu épancher ne serait-ce qu'un zeste de ce qui me traîne sur le coeur, qu'il me faudrait plusieurs jours, plusieurs vies pour raconter ce qui m'insupporte dans celle-ci, et qu'il ne me sera jamais donné de le faire, comme tant d'autres choses qui pourraient encore me soulager de cette colère amère...

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Commentaires
C
C'est vrai que l'on se prend toujours des remarques lorsque l'on se plaint (j'en ai eu ma dose récemment). C'est là qu'on se dit "ben tiens, ça m'apprendra" et généralement ce sont les même gens qui peuvent te reprocher d'être trop secret. Tant pis. Moi j'ai décidé de me refermer. Je préfère ça à ce qu'on me dise que je me plains tout le temps.<br /> Mais moi, je n'ai rien contre ceux qui disent qu'ils ont mal quand ils ont mal. Je ne suis pas du genre dégoulinant e de bons sentiments et te dirait pas "vas y, ça fait du bien". Je dis juste que c'est moins malsain que de sourire comme si tout allait bien.<br /> <br /> Les autres croient toujours qu'on se plaint alors qu'on fait n'importe quoi, qu'on en sait pas s'y prendre.... Pour l'argent j'ai rarement eu des problèmes. Mais quand j'en ai eu peu je préférais sauter des repas et m'offrir quand même du chocolat (et des clopes, certes). Mais c'est idiot de dire ça alors que je suis à des années lumière de ta situation.<br /> <br /> Sinon je trouve surprenant que tu arrives à haïr ta vie. Moi j'en suis incapable. Je peux haïr les gens (très fort et plus ou moins longtemps.) mais la vie elle ne fait que me désespérer et m'amener à me mépriser. Même pas de la haine, juste du mépris.<br /> <br /> Sinon quand à ton texte du post suivant (càd le plus récent) c'est vrai que penser que rien ne change tant à donner renvie de ne rien faire. Mais je crois que si toi tu cesses d'écrire et/ou d'avoir envie d'aligner des mots, de faire sens ou non-sens, beauté ou contre-beauté, banalité tellement grande qu'elle surprend ou étrange insaisissable par les mots, tu vas encore plus dépérir.<br /> <br /> Écris moi quelque chose. <br /> Commence avec "la nef vibrait"... ce sont les premiers mots de l'histoire de deux êtres qui vivent par mon esprit et que je n'arrive pas à écrire.
Zycie jest cudowne
  • Ou la vie est belle en français. Comment ça la vie est belle? Mais la vie est moche! Le monde est moche, les gens sont cons, gros, chiants et ils puent! Oui les gens sont cons gros moches chiants et puants. Mais la vie est belle. Enfin j'espère.
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